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Une transmission bien préparée Une transmission bien préparée

Avant sa retraite, Bernard Philippe a changé l’orientation de son exploitation et l’a convertie au bio, pour faciliter l’installation de sa belle-fille, Charlotte.

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Installée au 1er octobre 2017, Charlotte Roussel peut déjà vendre ses produits en agriculture biologique sous la marque « Le chant des armoricaines ». Elle propose des verrines de charcuterie de porc blanc de l’Ouest et de la viande de veau sous la mère de race armoricaine. Son projet de diversification a vu le jour grâce à une transmission bien anticipée.

À l’approche de la retraite, Bernard Philippe, son beau-père, a converti son exploitation au bio. Il a réorienté sa production bovine vers la viande, en intégrant des vaches de race armoricaine dans son troupeau de laitières normandes. Il a également développé un élevage de porcs.

Durant toute sa carrière , Bernard a produit du lait sur l’exploitation familiale comprenant 42 hectares et une référence de 185 000 litres. « En 2010, j’ai suivi une formation sur la transmission avec le Cedapa (1). J’ai pris conscience que l’arrêt d’activité n’est pas un point final, mais un projet en soi », témoigne-t-il. L’agriculteur a pris la décision de passer sa ferme en bio. « Le seul moyen pour pouvoir rendre ma petite structure transmissible », dit-il. L’exploitation ayant toujours été conduite en système herbager, le pas n’était pas trop difficile à franchir techniquement.

C’est à cette époque que son fils Edern et la compagne de celui-ci, Charlotte, lui font part de leur volonté de revenir à la terre. Ils n’avaient pas de projet bien défini. Après avoir travaillé comme caviste, Edern est responsable du rayon cave du Biocoop de Trégueux (Côtes-d’Armor). Non issue du milieu agricole, Charlotte a travaillé dans le commerce, comme aide à domicile, puis dans les écoles. « Le déclic a eu lieu avec la naissance de Lana, ma fille. Nous avions la volonté de manger des produits sains et locaux », explique Charlotte. Le couple le conçoit aussi comme un projet de vie avec, tout d’abord, l’installation de la jeune femme. En 2011, elle passe un BPREA (2) en maraîchage bio au centre de formation de Crédin (Morbihan). Mais les premiers essais ne sont pas concluants. « Nos terres froides, sur sous-sol granitique et en altitude, se prêtent peu à cette activité », confie-t-elle.

Patrimoine vivant

Pragmatiques, les jeunes se sont recentrés sur l’outil existant, avec la volonté de poursuivre l’élevage de bovins. L’opportunité de fournir du veau sous la mère au magasin Biocoop où travaille Edern les a incités à se tourner vers une race mixte, l’armoricaine, ancienne race du centre Bretagne. La première petite femelle, Halanig, a été offerte à Bernard en juin 2012 pour son anniversaire.

L’exploitation compte également 6 hectares de landes et bois difficilement exploitables. Dans une logique de biodiversité, un atelier de porcs blancs de l’Ouest a été lancé. Cette race rustique est élevée en plein air, ce qui n’impliquait pas de lourds investissements dans des bâtiments.

En fin de carrière, Bernard s’est retrouvé au cœur du projet d’installation de Charlotte. « J’ai eu la chance d’avoir affaire à Bernard, une personne ouverte et compréhensive, qui s’est investi à mes côtés », reconnaît la jeune femme. Avec des races à petit effectif, le développement du cheptel se fait essentiellement par le renouvellement, d’où l’importance du travail en amont, qui a duré plus de cinq ans. Une fois le parcours à l’installation réalisé, la transmission s’est faite en douceur. Pour faciliter la reprise, les bâtiments et les terres ont été loués. Seul le cheptel, le matériel et les stocks ont été vendus. Charlotte n’est pas partie de zéro, comme cela arrive souvent lors de la création d’une activité de diversification. « Je fais partir un à deux veaux par mois, à 130 kg, raconte-t-elle. J’ai également de la demande pour des porcelets vivants pour l’engraissement. »

Les charcuteries sont préparées par un artisan traiteur du Morbihan, avec lequel le jeune couple travaille à l’élaboration des recettes. Charlotte et Edern ont encore de nombreux projets, comme de proposer des plats préparés avec les légumes de l’exploitation. « Tout comme un cépage dans le vin, nous pensons que nos races locales nourries avec les aliments de notre ferme pourront révéler les saveurs du terroir », résument-ils.

(1) Centre d’étude pour un développement agricole plus autonome.(2) Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole.

 

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